Défi Grapha - Juillet 2019

A la base, j'avais prévu d'aller à Strasbourg en passant par les GR, comme d'hab. Puis les copains de la Team Gras ont dit "nous aussi on veut bien y aller". Pas question de tout terrain pour eux, mais plutôt voie verte et Eurovélo pour motiver Thomas, qui roule le moins souvent.

Et comme chaque évènement Team Gras, cette rando se devait d'être singulière. 

On prévoit un programme de 7 étapes, avec entre 70 et 90 km par jour, ce qui se fait facilement sur voie verte, avec un minimum d'endurance. Soirées camping, baignade, confort assuré.
Jusqu'à la dernière minute, on charge et monte les vélos. 

Un dernier coup de réglage sur le nouveau vélo de Thomas le matin du départ et zou.
C'est parti pour .... 70 bornes de garnotte AOP le long de la Saône de Neuville jusqu'à Mâcon.  

Personne n'était prêt, ça râle un peu et c'est déjà bien entamés qu'on arrive à Mâcon. Il nous reste 15 bornes pour arriver au camping d' Uchizy, où nous attendent la piscine et le restaurant.
Fourbus mais contents d'être arrivés, ces 100 premières bornes ont bien solidifié l'équipe. On se pieute à 21h pour une bonne nuit de sommeil.

On repart super motivés et prêts à en découdre, pour 80km jusqu'après Châlon. 

Ce n'est pas l'avis du boitier de pédalier de Thomas, qui après 5km de garnotte nous explique par le menu qu'il est l'heure qu'on aille se faire voir.
Le genre de boitier moderne même pas en pas italien ni même en axe carré. C'est le coup dur. Thomas est obligé de rentrer à Lyon pour réparer...
Nous perdons à la fois notre "organisateur de communauté" et notre ami adoré.

Thomas rejoins Tournus et je continue avec Ludo.

J'ai envie de dire heureusement que Thomas n'est plus là. Vu le chemin qui nous attend jusqu'à Châlon, il nous aurait hait pour la vie. En effet nous avons affaire à de la garnotte de type cyclocross d'été. Le genre de chemin de tracteur défoncé sec, pas vraiment difficile mais super fatiguant. Perso ça me plait, mais sur 80 bornes ça risque d'être long.
Fort heureusement, à Châlon nous rejoignons l'Eurovélo et nous commençons à mettre en route le petit train de la Team Gras. C'est à croire que c'était fait exprès, nous qui promettions de la voie verte à Thomas....

On avale rapidement et facilement les kilomètres jusqu'au camping de Seurre. Ludo se pose devant avec son avion et je me cale derrière lui sur les prolongateurs de mon tank. On croise de jolis villages, des petits coins bucoliques, mais le parcours reste sans surprises et sans réelles difficultés.
Arrivés au camping, on peut s'installer tranquillou et se moquer des autres campeurs. Comme cet homme en VAE avec 2 sacoches, 4 sacs de 20 litres, plus une tente et un gigantesque matelas autogonflant. A plusieurs reprises je vends les mérites de nos fauteuils Helinox Zero, 500g de plaisir pour le cul, le dos et les genoux. Je n'ai pas encore sorti mon livre. La grosse pizza du restaurant nous fait penser que c'est la dernière. On discute de l'étape de demain, plus courte.

Oh oui, bien courte. Le canal du Rhin au Doubs est très joli, très agréable, avec de jolies écluses et des bords de canaux très bucoliques. C'est bien plus beau que la Loire. Notre petit train plie la route et on arrive à 13h30 à Ranchot, on s'installe, baignade plaisir dans le Doubs. La mise n'est plus la même, ici chaque cyclorandonneur sort son pliant de luxe, c'est le festival du matos de camping. Une bonne grosse salade Jurassienne nous permettra d'affronter l'orage de la nuit.

Aparté matos:

Depuis le mois d'octobre j'utilise des sangle Voile Strap, récemment importées et vendues par Telemark Pyrénées, on en trouve désormais un peu partout sur internet.
C'est un produit essentiel, qui permet d’accrocher tout à n'importe quoi, sans risquer de casser, sans que ça glisse et avec un super maintient. J'en ai plusieurs, de tailles différentes. J'en ai souvent une sur moi car "ça peut toujours servir". J'ai récemment temporairement bricolé ma bagnole avec, nickel.

Le réveil est humide, le train se remet en route pour Besançon, visant Clerval. La véloroute est magnifique, encaissée dans la vallée du Doubs, entre les écluses et les flancs de montagne. Mais franchement, nous nous ennuyons, il n'y a plus de difficulté. Le défi en empruntant cet itinéraire était d'arriver à trois à Stras. Pour deux cyclistes "entrainés", l’intérêt est moindre.  

Je reste abasourdi par le nombre de personnes en VTTAE croisés sur notre route. Je connais l'engin, j'ai pratiqué et j'en perçois l'utilité. Mais ici, sur ce terrain, même la notion d'assistance me parait vaine. Pour moi c'est la suppression pure et simple du plaisir cycliste. C'est agréable de se promener à bicyclette le long du canal, certes. Mais sommes nous arrivés dans une société où l'échange effort / récompense doit disparaitre? Je connais les arguments des défenseurs de la motorisation. Mais ici, c'est à mon avis outrancier.

Arrivés à Clerval, le camping est désastreux. Il n'y a rien aux alentours et nous venons de faire déjà 90km à fond de caisse. C'est le "ragequit", on saute dans le train de 16h qui nous ramène à Lyon.

C'est aussi ça l'avantage d'avoir beaucoup de vacances. Au final on peut en faire ce qu'on veut sans s'astreindre à compléter un objectif débile pour dire qu'on l'a fait. Nous avons pris du plaisir sur 4 jours de balade à vélo, c'est le principal. On saura désormais comment préparer notre prochaine excursion Team Gras, nous connaissons les éléments essentiels.
Mais surtout, l'échec est la notion de base de notre groupe, notre image de marque, tout comme l'absence de performance et la négation de la réussite. Je crois que là dessus, c'est le carton plein.


 Une dernière chose.
J'ai effectué les 4 jours de rando sans cuissard, avec un bermuda Forclaz et un boxer en synthétique.
Je n'ai pas eu "vraiment" mal aux fesses, mais le dernier jour, au bout de 4h les ischions commencent à tirer la gueule. J'ai plutôt l'habitude des randos VTC ou VTT. Je me lève souvent, je monte, je descend, je marche, je porte, je fais plus de pauses. Là j'avais le cul vissé à la selle, avec 3 positions. Cocotes, drops et prolongateurs, très peu de danseuse car pas de montée et vélo chargé. Je sens que ma peau a souffert mais rien d’insupportable. J'aimerais réessayer sur une rando plus tout terrain.