samedi 25 juillet 2020

C'est la fin mon ami - Bilan de 5 années de vélotaf





Une grande page de ma vie vient de se tourner. Je n'irai plus jamais travailler dans l'Ain, à minimum 45 min de vélo de chez moi.
Je n'ai plus à me lever trop tôt et me dépêcher de partir le soir.
Je vais travailler à 3 km, 15 min à vélo.

Je tire un trait sur 5 années de vélotaf plutôt intensif.
5 années où l'effort le plus conséquent de la journée était de me tirer du lit.

Le froid n'est pas un problème, plusieurs couches suffisent à s'isoler.
La pluie n'est pas un problème, statistiquement le vélotaffeur subit peu les intempéries. Une ou deux douches par an, grand maximum.
La nuit n'est pas un problème, l'éclairage des lampes modernes est très efficace.
Le plus difficile est d'affronter un réveil trop tôt, extraire son corps de la chaleur des draps et partir rapidement.
Le reste n'est qu'habitudes et adaptations.

Cette année, entre l'obligation de prendre le train et le confinement, j'ai pas roulé grand chose, ça m'a beaucoup manqué.

Un trajet vélotaf paisible permet durant l'aller d'organiser mentalement sa journée et de réveiller son corps en douceur.
Le retour sert de sas de décompression où on déconstruit la journée passée.
Psychologiquement, c'est un aménagement très bénéfique, qui fait "joint" entre la vie quotidienne et le travail.

Je vais gagner en sommeil ce que je vais perdre en plaisir cycliste.


1) Un investissement matériel.

Pour ces 5 années, j'ai utilisé 2 vélos, qui ont évolué en fonction de mes besoins.

J'ai commencé avec un Fairdale cintre route, chargement arrière, que j'ai ensuite passé en cintre plat et chargement avant:








 
(bas de Rilleux, inondations Janvier 2018)

 J'ai installé un moyeu dynamo, des garde boue bien couvrants.
Chaque jour j'empruntais un chemin de halage sur une bonne dizaine de kilomètres. Au fur et à mesure ce chemin est devenu de plus en plus mauvais.
Puis en voulant monter des pneus tubeless plus gros, j'ai changé de vélo, pour un Specialized Awol cintre route, chargement avant:



Le vélo de gravelotaf parfait, un peu lourd mais très fonctionnel et confortable.
Il n'a pas changé depuis.

J'ai toujours pu garer mon vélo dans les écoles, dans un endroit couvert.
J'avais juste à sortir mon sac d'affaires de mon sac porteur et aller me faire un café.


2) Un investissement humain

J'étais remplaçant affecté à des postes de longue durée et des compléments de temps partiels.

Chaque année j'ai changé d'école, j'ai du concilier la distance et les horaires de classes.
Chaque année j'ai du rencontrer une nouvelle équipe, accepter de nouvelles conditions de travail.
Chaque année j'ai changé de niveau de classe, adapté mes méthodes de travail et potassé les notions à atteindre.

J'ai accepté cette ultra flexibilité et ces investissements vains en contrepartie d'une grande liberté d'action et de l'acquisition d'une expérience indispensable pour exercer mon métier.


(le lac de Miribel trop tôt le matin)


Être "le remplaçant à vélo" m'a accordé un statut particulier et au final, une réputation positive.
J'ai rapidement été connu dans la circonscription. J'en ai pas mal joué.
Je suis un homme et je pense ne pas correspondre au cliché institutionnel de l'enseignant modèle. Pour ces deux raisons, mes erreurs ont été moins sévèrement jugées et on m'accordait plus de liberté qu'à des collègues femmes en poste depuis quelques années.
En ayant une classe durant une durée courte, j'ai pu apprendre, essayer, expérimenter des méthodes de travail, en fonction des élèves et des moyens dont je disposais.

Par exemple:
J'ai été nommé le jour de la prérentrée sur une classe de petite / grande section, pour l'année.
J'ai du, sans aucune préparation, assurer la rentrée à l'école de petits enfants et rassurer les parents des grands que leurs enfants ne régresseront pas cette année.
Aidé par une ATSEM extraordinaire, on a mis en place un système de tutorat entre les élèves et des plans de travail visant à autonomiser les petits. Une sorte de montessorisme avec trois bouts de ficelle.
Je n'avais jamais été préparé à ça, bien trop peu formé.
Malgré la difficulté d'organisation et mes 25km de vélo pour y aller, cela restera une de mes meilleures années de travail.

Mais l'année d'après, j'avais un CE1/CE2 dans une autre école...


(Chemin de halage entre Miribel et Thil)


C'était le jeu, et c'est celui de tous les remplaçants. Boucher les trous laissés par les gens malades, absents, en difficulté...
Se plier, ménager, concilier, résoudre et comprendre. Et recommencer.
C'est un métier qu'on apprend sur le tas, avec des dommages collatéraux, des échecs et des réussites satisfaisantes. Il y a souvent l'avantage de ne pas assumer l'entière responsabilité d'une classe et l'inconvénient de n'avoir jamais de poste de travail à soi.
Il faut sans cesse se réinvestir, aller vers les gens, s'imposer, inventer et perdre le résultat de tous ces efforts.

J'avoue, j'étais fatigué de ne jamais faire partie de l'équipe, d'être toujours celui qui était de passage et avec qui certain.e.s restaient distant.e.s.
Désormais, je vais pouvoir espérer construire quelque chose à un endroit, en étant la personne légitime pour le faire. Ne plus être le substitut d'une absence ou le complément d'un.e titulaire.

Quand je suis entré dans ma nouvelle école, on m'a indiqué le couloir où se rangent les vélos des personnels. On part sur de bonnes bases je pense...


(vue depuis la cour d'une école de Miribel, à l'heure de l'ouverture de l'accueil périscolaire)


3) Un investissement moral

La crise sanitaire du Covid-19 et le confinement que nous avons subis ont marqué à jamais le fonctionnement de l'éducation nationale.
Personne n'était prêt.e, personne n'était formé.e et pourtant chacun.e s'est battu.e avec ses petites mains et son petit ordinateur pour communiquer avec ses élèves.
Cela a détruit les liens entre certaines familles et l'école. Mais cela a surtout permis à nos gouvernants d'engager leurs réformes en profondeur.

La rentrée 2020-2021 sera extraordinaire et les "aménagements sanitaires" seront le lit des "aménagements scolaires".
Après avoir testé l’élasticité des directions d'établissement pour le déconfinement, il va falloir faire preuve d'une souplesse exemplaire pour accepter et mettre en place sans broncher de nouveaux dispositifs 2 jours avant la rentrée.

Ce qui est pour moi un nouveau départ personnel sera aussi le début de nouvelles expérimentations.
2s2c, chefs d'établissements, évaluations pour tous... la porte est ouverte.





jeudi 23 juillet 2020

La GTB - Grande Traversée du Bourbonnais

A la base, je voulais prendre mon vtt et parcourir la GTMC (grande traversée du massif central) jusqu'à Aurillac, pour aller voir ma mémé.

Cette année je n'ai pas roulé, j'ai été confiné, je pars donc avec une condition physique proche d' Homer Simpson...




Première étape, Moulins - Cosne d'Allier:

Je connais bien ce trajet, mi garnotte mi route pourrie mi bon D+ ...
Départ à 14h, pas dormi, mal mangé, plus de jambes au bout de 30 bornes.

AH BAH CA COMMENCE BIEN

Heureusement le Bourbonnais est là pour régaler:






J'arrive en vie chez mes parents, mais pas franchement serein...


Deuxième étape, Cosne d'Allier - Ebreuil:

Départ tôt, arrivée 14h. Pourtant, 70 bornes et 1100d+.
Je suis bien satisfait de ma condition, gros plaisir sur le chemin et le paysage.
Et surtout pas fâché d'avoir acquis une fourche suspendue. Les descentes deviennent un vrai bonheur, sans souffrances inutiles et perte d’adhérence.

Par contre, ça grimpait de type beaucoup. J'avais prévu de faire 700d+, où est le truc ?
Ah. Toutes mes évaluations sont fausses. Et le 800 prévu demain, le 1200 après ?? On dirait bien que bikemap m'a ken.








Le petit camping d'Ebreuil en bord de Sioule est très agréable et leurs burger végétariens.
Une bonne nuit me permettra d'appréhender le lendemain plus aisément.

Troisième étape, Ebreuil - Pontgibaud Riom:

Je pars tranquille mais ça tabasse direct.
Et vazy que je te fais passer dans un ruisseau raviné, tu enchaines avec 500m de caillasse à 25%.
Et repetita.
D'accord.

Alors que ceux qui disent que "ça passe en gravel" m'expliquent.
Là je suis en VTT, ça passe bien pour qui aurait un semblant de condition physique, mais les relances dans les coups de culs, je vois pas à quel moment ça pourrait passer en 40x36 et pneus en 42 semi slick...

Ceci n'est pas la GTMC:





Sachant que ça va continuer ainsi pendant 4 jours. Je tire ma route vers Riom pour choper un train.
Le plaisir s’arrête là où la galère commence.

Je reviendrai avec mon Papa Bourru, il me portera mes affaires et ça ira biiiiiiien mieux.



Ah oui j'avais oublié, je suis parti en mode gros touriste foule confort.
J'ai pesé mes bagages en arrivant pour savoir.




J'ai perdu 3kg, mais mon bordel pèse 9kg (sans l'eau)...
Chose intéressante à noter, je n'utilise plus de cuissard. Et je ne sens aucune différence !



Bref, c'était un beau défi, j'ai passé du bon temps sur mon vélo. A retenter dans de meilleures conditions.
Mais comme dit le proverbe : "je suis pas venu pour souffrir, d'accord"


PS: oui sur les photos "ça passe en gravel", quand ça tape je pédale...