dimanche 23 septembre 2018

le bikepacking

Je vais parler de "bikepacking". Si j'ai horreur des anglicismes je ne vais pas pouvoir utiliser le terme "emballage de vélo" tout le temps, même s'il définit parfaitement la pratique.

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bikepacking = emballage de vélo

Solution de chargement visant à optimiser l'espace disponible sur le vélo afin de répartir les masses pour obtenir un vélo chargé mais stable.
Pratique optimale à VTT qui a tendance à se démocratiser dans le cyclotourisme.

On y oppose facilement le biketouring, cyclotourisme en français, ou cyclocamping, dont les pratiquants ont pour usage de fixer 4 sacoches sur des porte bagages. C'est un système de chargement simple, robuste et pratique. Il permet de charger "beaucoup" et facilement mais il n'est pas optimal en tout terrain, du fait de la répartition inégale des charges.

Par contre il faut arrêter de dire que le bikepacking est une "mode" ou du "marketing". Ceux qui en parlent en ces termes ne sont probablement pas les pratiquants.
Certes on en voit beaucoup et les marques s'y sont mis à fond, mais y'a bien des raisons à cela.
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J'avais écrit ça sur velotaf.com à quelqu'un qui demandait la différence entre bikepacking et touring.

Je tique souvent lorsqu'un randonneur full sacoches Ortlieb/Vaude arrive en disant: "Le bikepacking c'est fantastique. J'ai parcouru la Loire à Vélo avec mon vélo bikepacking." Alors qu'il est en sacoches dites "touring".
Pourquoi cela m’énerve ? Ce n'est rien me direz vous, au final c'est la même destination, faire du camping à vélo. Oui mais non.
Le "bikepacking" n'est pas une pratique globale de cyclocamping, c'est une méthode particulière de rangement. On parle du matériel en premier et non de la pratique à laquelle le "bikepacking" est destiné.
Comme il y a un "esprit Gravel®", il y aurait un "esprit bikepacking".

Dans le "bikepacking", le cycliste s'impose une contrainte de taille. Enfin, de place surtout.
Un cyclotouriste en sacoches peut facilement trimballer un gros volume de matériel sur son vélo. Il en a la place. C'est une bonne solution pour emporter beaucoup de choses pour un long et lent voyage. De plus son vélo est adapté pour. Il est long, solide, propose souvent une position relevée, cela pour diriger son vélo de manière plus aisée.
Car une fois remplies, les sacoches imposent au cycliste de piloter une monture souvent lourde, et pataude.
La répartition inégale et non équilibrée des masses sur les différentes parties du vélo contraignent le cycliste à les subir et non à les utiliser. On voit souvent une béquille sur ces vélos, ou un ressort permettant à la direction de rester dans son axe...

Au contraire, le "bikepacking" recherche l'économie. Le cycliste doit ranger tout le matériel nécessaire en utilisant au maximum l'espace disponible sur le vélo.
Certes, cela limite le volume et la quantité de matériel transportable. Mais cela oblige le cycliste à optimiser, à choisir tel élément plutôt qu'un autre, de façon à ne s'équiper que de l'indispensable.
De plus. La disposition des rangements permet une répartition des masses bien plus efficace que des sacoches classiques. Le vélo est plus lourd de son chargement, mais c'est l'ensemble de sa structure qui est alourdie et non certains points.
La différence se ressent en tout terrain. Là où les sacoches vibrent, ballotent et font tanguer le vélo, il est alors une masse stable, compacte dont l'inertie subit le mouvement de la machine au lieu de la dériver.
C'est un usage très répandu en brevet ou "ultra". Forme de cyclotourisme où on relie un point à un autre sur une longue distance en un minimum de temps. L'encombrement est le plus réduit possible, le matériel emporté n'est que le strict nécessaire.

Certains parlent d'un gain aérodynamique. Il est pour moi totalement superflu et ne constitue en rien un argument de poids pour le "bikepacking". L'important résidant dans la maniabilité du vélo en toute circonstance. 

"Oui mais c'est chiant de tout ranger." Oh oui c'est chiant, c'est même pénible quand tu sais qu'il te faut une heure chaque matin pour ranger l'intégralité de ton matériel DANS ton vélo. Mais c'est un rituel, une habitude qui t'impose un rythme et qui rentre dans l'esprit d'optimisation de la méthode...

"Oui mais c'est trop cher." Oh non. Le prix, pour du matériel de qualité, est équivalent entre des sacoches indépendantes, les porte bagages et des sacoches de cadre, de selle, etc... 

"Oui mais c'est pas moins lourd." Oh oui, on ne gagne pas vraiment en poids à installer douze petits sacs plutôt que 2 racks et 5 sacoches. Quoique, j'ai jamais vraiment pesé.

"Oui mais mes sacoches sont étanches." Oh oui, mais les petits sacs étanches permettent de compartimenter les sacoches de cadre ou se fixent contre les fourreaux de fourche.

"Oui mais avec une sacoche plein cadre y'a une forte prise au vent." Plus qu'avec des latérales ?? LOL

"Oui mais c'est une mode de bobo trentenaire." Oh oui, mais est ce pire que le ski ou le nautisme ?

"Oui mais pour le velotaf c'est nul car il faut mettre et remettre les sacs." Oh oui, si tu ranges pas ton vélo dans un local sécurisé, tu peux oublier. Mais c'est pas le but, on parle de randonner.

Comme je l'ai dit dans un article précédent: "c'est pas une science exacte !".
Rien n’empêche de mélanger les genres, l’intérêt reste l'optimisation du transport de matériel en fonction de sa pratique cycliste.
Cependant, remplacer l’anglicisme "bicyle touring" ou "cyclorandonnée" par "bikepacking" n'est pas une bonne idée. D'abord, c'est étymologiquement faux et les dispositifs et les pratiques sont différentes. Ces usages sont désormais bien développés, nous pouvons donc nous permettre de les distinguer, afin de rendre les discutions claires, sans pour autant cloisonner les pratiques.


Maintenant illustration avec des images que vous avez déjà vu mille fois.
A vous de distinguer le vélo "bikepacking" du vélo "touring".