samedi 12 décembre 2020

Le jeu de l'année 2020

 Mes amis me demandent souvent pourquoi j'ai autant de jeux, un ordinateur et deux consoles différentes. Cette année 2020 m'en a donné la réponse.

Elle a commencé par nous confiner. Accompagné par Animal Crossing, jeu exclusif à la Nintendo Switch.
J'ai travaillé à distance tout en développant mon ile jusqu'à cumuler 400 heures de jeu, par petites doses quotidiennes.

Je vous en ai déjà parlé. On débarque sur une ile et on s'y installe. L'univers est accueillant, reposant.



Voici ma première capture, au début du jeu, en mars 2020.

 Évoluant en temps réel, le jeu demande de revenir chaque jour, sans pression, pour interagir avec ses voisins, cultiver ses fleurs, cueillir les fruits, participer aux évènements quotidiens. Il a su me séduire par son atmosphère bienveillante et son écriture intelligente, parsemée de traits d'esprit et de blagues sympathiques.

 

 

C’était le jeu parfait pour s'échapper du premier confinement, où corps et esprits étaient cloitrés et muselés. Au fur et à mesure mon ile a grandit doucement, ma maison est bien aménagée, ils ont même organisé une fête de la courge pour me faire plaisir...

 




10 mois plus tard, c'est toujours aussi agréable d'y revenir, de prendre soin des voisins et d'entretenir son jardin. Un peu comme la vraie vie mais sans gouvernement fascisant (une fois que Tom Nook nous a lâché la clochette !)...

 

Oui, j'ai même une repro d'un de mes Turner préférés...
Une fois que notre ile est suffisamment aménagée, le célèbre chanteur Kéké vient nous donner un concert privé...



MAIS il ne s'agit pas de mon jeu de l'année, bien qu'il m'ait happé, je ne le conseillerai pas à tout le monde. 

 

J'ai ensuite englouti le petit jeu français Edgar, Bokbok à Boulzac.
C'est un "pointe et clique" assez court, écrit et réalisé par un petit studio d'animation et de jeu français. L'histoire est sympathique, très drôle, les animations sont chouettes. Rien d'exceptionnel mais j'aime beaucoup ce genre de jeux narratifs indépendants, de type Night in the Woods.

 

Et puis ça commence encore avec un problème de courge...
J'y ai joué sur Switch, mais il est disponible partout.


Tout comme un jeu sans courges, Hades...
On ne présente plus ce "rogue-lite" multi primé, qui a les avantages d'être ultra accessible, ultra progressif et super bien fini. Les devs de Bastion ont enfin pondu un jeu parfait, beau, avec un récit plein de surprises.
Mais pas de courges et pas le temps de prendre des photos...

Et puis, sans rien en attendre, j'ai acheté Ghost of Tsushima. Une autre exclusivité, mais sur PS4.
Un action-rpg en monde ouvert se déroulant durant les invasions mongoles dans un Japon féodal.... j'étais client à fond les ballons.
Je n'ai pas été déçu du voyage...

 


On incarne Jin, le neveu d'un seigneur du clan Sakai, régnant sur Tsushima. Cette ile japonaise subit une invasion mongole, les villages sont colonisés, le peuple est asservi. Jin lutte pour monter une faction résistante pour d'abord sauver son oncle puis libérer l'ile.
Le personnage que l'on incarne est un samouraï confronté à son honneur, devant accepter sa part d'ombre afin d'atteindre ses objectifs.
Bref, c'est un Assassin's creed au Japon. On discute, on libère des camps, des villages, on ramasse de l'expérience, on monte en puissance... Le jeu a la grande qualité de proposer plusieurs approches de "gameplay". On peut jouer la discrétion (assassin), la confrontation directe (samouraï) ou la guérilla (archer), et ce en fonction de nos envies, du terrain, de l'objectif. On est vraiment libre dans nos actions, et les variations offrent de véritables différences.

 



 


Pour l'exploration il n'y a pas de tours à escalader, on dissipe un brouillard sur la carte et on atteint des points de déplacement rapide. On grimpe partout, on chevauche, on nage, on découvre les multiples points d’intérêt qui offrent la plupart du temps une récompense cosmétique ou un sceau de compétence.
Mais le gros point fort de ce jeu est la direction artistique. Il a d'ailleurs été récompensé pour cela très récemment.
D'abord, les environnements sont les plus agréables et variés auxquels il m'a été donné de jouer. Il n'y a pas l'ultra réalisme de RDR2 mais les paysages et leur dynamisme sont proches de Zelda BotW. On en prend plein les yeux, le vent souffle dans les oreilles, les feuilles tournent, les daims nous frôlent, les branches craquent et l'herbe frissonne. Vraiment.
Même en PS4 Slim et sur une petite télé, l'expérience est dingue. Les variations de météo bouleversent l'ambiance, la lumière influe sur nos émotions...
Et puis il y a les bâtiments, les personnages. Tout est dessiné de façon à représenter le plus fidèlement la période traversée. Jusqu'aux détails des coutures des kimonos. 

 



 


Sa vraie force est ce dépaysement, on est transporté dans ce monde à la fois magnifique et cruel. Le propos du récit est dur, violent. Il est question de pouvoir, d'impérialisme, de rapports de soumission et de filiation. Le jeu ne laisse que très peu de place à l'humour, c'est son seul vrai défaut.
Bien sur, il trimballe certains poncifs des jeux en monde ouvert... mais on est habitué aux collectibles nazes, aux quêtes inutiles et quand elles sont enrobées dans une mythologie prenante ou qu'elles nous permettent d'admirer un superbe lever de soleil, ça passe.
Vous l'aurez compris, Ghost of Tsushima c'est ma came, ma cécé, ma guedro. Toutes les images dans cet article sont capturées dans le jeu. Le mode photo est simplement incroyable. C'est à croire qu'ils ont construit le jeu autour. Je me suis souvent surpris à me dire :
"hé mec ça fait 20 min que tu es en train de régler l'heure et la météo pour la photo..."


 
 
 

    (ok, là c'est une cinématique...)


Il est pour moi mille fois le jeu de l'année. Le jeu d'une année qui nous a détruits, asservis, rendus dociles et faibles. Son discours, son écrin, sa passion sont essentiels dans le jeu vidéo. S'évader à Tsushima est un exutoire parfait pour enfouir la colère qui nous ronge.
On peut alors se rappeler qu'il y a un ailleurs, qu'il est bien réel, vivant et magnifique. Et que si on remet un jour les pieds dehors ça sera pour bouffer le monde.



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