lundi 19 août 2019

Guide du funiculaire végétarien au Japon

"Franchement je pense que c'est pas évident."

"Y'a du poisson partout, même dans le bouillon. Ou du poulet."

"Les menus sont pas toujours en anglais et faut pas se fier aux images."

"Je me suis pas posé la question mais j'ai pas vu des masses de repas végétariens."

Je suis pas un fan de bouffe. Pas du tout. Par contre je suis végétarien. Pas militant chiant mais je fais gaffe et j'apprécie quand je peux choisir un repas un peu original. Ceux qui mangent de tout ne le savent pas, mais en France la grande majorité des restaurants ne proposent aucun plat alternatif à la viande ou ne savent pas proposer autre chose qu'une omelette avec de la salade.
Alors forcément, avant de partir à l'autre bout du monde je me pose des questions.

Les témoignages de mes amis sont assez peu concluants, internet parle beaucoup de restaurants végétariens, mais peu de plats végé dans la cuisine ordinaire japonaise. Je savais que je devais m'orienter vers la cuisine des moines, qui sont exclusivement végétariens. Mais bien sur je peinerai à sortir ce joker partout.
Je suis parti avec un petit mot expliquant en japonais que je mange pas de viande, au cas où.

Au final, je l'ai sorti une fois, quand on voulait acheter des brioches fourrées, que rien n'était en anglais et que le cuistot bitait rien. Le reste du temps je n'ai eu absolument aucun soucis pour me nourrir.
Une fois qu'on a compris qu'il faut manger tôt, que les épiceries sont remplies de bouffe fraiche et que si on s'oriente sur certains plats on est sûr de manger végé. La quasi totalité des restaux, artisanaux, familiaux ou plus industriels, proposent des plats sans trace de viande.
Il est beaucoup plus difficile de trouver de la nourriture grasse que des plats sans viande !

Les nouilles par exemple, Ramen, Soba ou Udon, ont systématiquement une version accompagnée de tofu frit, mou, râpé... et d'un bouillon de légumes, de blé, de miso ou de soja. C'est la base, on en trouve partout et c'est vraiment pas cher.

D'autres choses faciles à trouver, les cantines proposant des petits plats à l'unité:

Ici c'est le New Daimonji à Kyoto, omelette aux herbes, pommes de terre au lait, riz et tofu grillé... 10e avec la pinte. Et encore j'ai pas pris les plats fins, j'avais les crocs.

J'étais super heureux de pouvoir trouver des plats un peu différents sans mendier du sans viande.


Une autre technique m'a amené à dénicher des plats délicieux, garantis sans cadavre. La randonnée pédestre:


Le Mont Takao:


Nous alternions les visites touristiques dites "de masse" et les excursions plus "intimes".
A Tokyo nous avons commencé en allant grimper le Mont Takao. C'est un mont sacré, très prisé des tokyoïtes, qui peut être entrepris de deux façons différentes. Soit par funiculaire ou télésiège, soit en randonnant sur trois chemins de difficulté variable.
J'ai des problèmes de genoux, des TFL qui se réveillent quand je force ou que je descends. On choisit alors la montée par un chemin intermédiaire et la redescente par le chemin bitumé.

La montée est très ludique, cela fait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à randonner. Surtout, le décor n'est pas commun à ce dont on est habitué. Il fait très humide, l'eau ruisselle, la végétation est particulière mais surtout, le chemin est parsemé de sanctuaires, de statues et autres promontoires.






Nous croisons d'autres randonneurs, des japonais. Il y a assez peu de monde. Une fois en haut la vue est bouchée, mais on profite de la halte pour manger dans un restaurant... proposant quasi uniquement des plats végétariens car le lieu est sacré.









Nous entamons la redescente par la voie "classique", traversant les temples. 



















En cours de route on s’arrête pour gouter les Doma Dongo, brochettes de farine de riz gluant aux graines de sésame et couverts d'une couche de sauce soja. 




Mais nous avons du mal à résister à l'envie de prendre une partie du télésiège pour terminer, comme de jeunes enfants.





Le Mont Hiei :

A Kyoto, j'ai insisté pour qu'on aille grimper le Mont Hiei. Il faut dire qu'après deux jours sur place à parcourir les temples surchargés sous un soleil de plomb, une sortie au frais s'imposait. 
Le Mont Hiei est sacré, le sommet comporte une tripotée de temples très actifs car ils servent de "centre de formation". Ce mont est cité dans la nouvelle "le Visage" de Matsumoto. L'auteur décrit l'endroit comme un itinéraire mystérieux, habité mais tranquille et facile d'accès.
Nous avons trouvé une description pour monter à pied par la face Est à Otsu et redescendre en funiculaire du côté de Kyoto. Le chemin n'est pas aisé car il est raviné mais nous sommes seuls et nous nous demandons plusieurs fois si l'idée était judicieuse.











 Au final nous arrivons au pied des temples sans en payer l'entrée et nous engloutissons un énorme bol de nouilles (végétarien, toujours) en faisant des grands spluuuuurb.


 
 Puis nous visitons les temples, accompagnés de quelques japonais.










La vue au sommet est dégagée et magnifique, nous prenons le funiculaire pour redescendre sur Kyoto.




Koya-san:



Pour cette étape, nous avons triché. 
C'est dans tous les guides. Le principe est d'aller dans les montagnes du sud d'Osaka, au mont Koya. Là haut se trouve un village de moines, entouré de temples et d'un immense cimetière. On peut passer une nuit dans un temple, logés chez les moines qui proposent une prestation hôtelière. 
Il s'agira de la seul nuitée "tout compris" que nous nous sommes offerts, et il faut avouer que cela vaut le coût.
Après quelques heures de train puis de funiculaire, nous arrivons au village. Malgré la renommée, il n'y a pas grand monde. Nous posons nos sacs et nous allons nous promener au cimetière. 
Il est gigantesque et on peut facilement s'égarer dans les petites allées tortueuses, entre la mousse, les pins, les ruisseaux et les baisers des moustiques. Encore une fois, c'est en s'écartant du chemin que l'on découvre les plus beaux endroits. 




















Les offrandes proposées m'ont fait sourire:



De retour chez les moines, avant le bain, c'est le repas. Et quel repas !!




Pour une fois, la religion ne m'a pas perdu. Le petit déjeuner non plus ne m'a pas déçu.

Le lendemain, pour la forme, nous grimpons jusqu'au sanctuaire des femmes, en dehors du village. Située en bordure, cette courte randonnée nous donne accès à un sommet où est érigé un sanctuaire destiné aux femmes, qui jusqu'à une date récente, n'avaient pas le droit d'entrer dans Koyasan. 

Ce séjour chez les moines fait polémique. Certains y voient une usine à touristes sous prétexte d’authenticité.  Personnellement je l'ai bien vécu, alors que je suis majoritairement réfractaire aux foules et à la religion.



L'île de Miyajima:



Au sud d'Hiroshima se trouve l'île de Miyajima. Cet endroit est célèbre dans le monde entier, c'est ici où trône l'immense Tori qui semble flotter sur l'eau.
Oui, celui là:




Les vacances des japonais viennent de débuter, nous sommes samedi. Le ferry pour atteindre l'île est bondé. 
Nous avons prévu de rejoindre l'observatoire, situé sur le sommet le plus haut de l'île. Il y a du monde même dans l'ascension. Elle n'est pourtant pas aisée, quoique bien balisée. Il fait très chaud et de nombreux touristes occidentaux mal préparés semblent souffrir d'avoir choisi l'option pédestre.
 







En haut, la vue circulaire offre un panorama magnifique sous un soleil de plomb. L'arrivée du téléphérique est située à 700m de l'observatoire. Beaucoup n'ont pas anticipé et il n'y a pas d'eau potable en haut. Ça râle de partout, c'est rigolo.
Avec Anna on est désormais rodés. On grimpe chacun à notre rythme et on s'hydrate correctement. 
J'en suis presque à regretter le Mont Fuji, mais il ne dispose pas de téléphérique pour la descente...









Je prend les oeufs, Anna, qui est solide, descend à pied par un autre chemin.
En bas on suit le parcours "histoire et culture" qui n'est qu'une succession de boutiques de souvenirs et de gâteaux fourrés au haricots rouges. Pour le coup, c'est Disneyland. 
De retour a Hiroshima, on se régale avec une énième Okonomiyaki. C'est une sorte d'omelette en réalité faite de couches de galette/chou/soja/nouilles/oeuf. C'est gras, c'est délicieux, j'en mangerai mille. Pour les carnivores ils mettent du lard. Ou une centaine d'autres ingrédients. C'est la spécialité de la région d'Hiroshima, il y a même des écoles pour ça.


 



Par la suite, nous revenons à Tokyo. Nous avions prévu une dernière randonnée, mais le temps trop aléatoire nous a fait annuler, c'est la seule et unique déception de notre séjour.
Avec aussi le moment où j'ai perdu mes lunettes de soleil dans les vagues. Et le fait qu'il n'y avait pas de bancs sur la plage de Kamakura.

Sinon c'était fantastique.
Pour la première fois de ma vie la nourriture a été une de mes principales préoccupation. Non pas comment en trouver, mais que déguster de nouveau, d'unique et d'incongru. En sachant pertinemment que nous ne retrouverions jamais de notre vie des plats si savoureux à des prix aussi corrects.
J'ai perdu 3 kilos pendant ce séjour. Nous avons découvert des endroits magiques en apprenant à jongler entre les évidences, les facilités et le risque. Nous n'avons malheureusement pas parlé japonais, c'est difficile.
Y retourner ? pourquoi pas, mais chez des gens alors, pour découvrir d'autres modes de vie et les endroits inaccessibles.

















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